Le temps s'était comme suspendu pendant ce repas. Il range les documents précieusement dans le porte document, se lève, me tend la main et dit : « Viens, nous allons prendre un thé ailleurs ». Je prends la main qu'il me tend, et me lève. Je jette un œil à la pendule en sortant. Pas étonnant qu'il n'y ai plus beaucoup de clients, il est presque 16h !
Dehors, il fait gris et sombre. Nous marchons un peu jusqu'à un salon de thé. La décoration y est recherchée et magnifique. Je me doute que c'est encore un lieu qu'il affectionne. Il commande une théière de earl gey, son préféré, avec une part de tarte au citron meringuée « On partagera », ajoute-t-il à la serveuse qui m'interroge du regard. Il me regarde intensément pendant que nous attendons notre commande. Cette expression... On ne sait jamais s'il souri vraiment... Les coins de sa bouche sont légèrement relevés, oui... Mais son regard est si dur, froid et triste à la fois... Pourtant, j'aime ce regard... Tout le temps que durera notre relation, je me dirais que je vois là le fond de son âme... Inconsciemment, je me redresse. Les jambes bien parallèles. Genoux serrés. Mains sur les genoux. Passe un éclair de satisfaction dans ses yeux. « C'est presque parfait ». Il glisse son pied entre les miens « Écarte ! » murmure-t-il. J'écarte les genoux. « Non. Les jambes ». Le soucis, c'est qu'on m'a toujours appris que les femmes ne devaient jamais écarter les jambes... Même si je suis en jean, je vais avoir l'air de quoi ? L'attitude « camionneur » ne fait pas très classe... Surtout ici... « Je sais. Mais justement. C'est cette certaine indécence que j'aime ». Il lit dans mes pensées ou quoi ? « Oui, je sais. Ça doit te faire bizarre ». Il parle de quoi ? Du fait que j'ai l'impression qu'il lit en moi comme dans un livre ouvert, ou de devoir me débarrasser de mes bonnes manières... Visiblement, mon trouble l'amuse. Ben moi, ça me fait pas rire... Je ne sais pas ce que je dois faire... Les doutes de la toute première fois reviennent. Il va se moquer de moi, c'est sûr... Mais pourtant non, il a l'air satisfait de sentir que j'ouvre les jambes... « Là, maintenant, c'est parfais ». La commande arrive « Une fois que nous aurons fini, nous irons faire du shopping. Il te faut un minimum aussi bien quand nous serons en séance de travail, que dans certaines circonstances. Il te faut aussi de cultiver un peu (euh... Il me crois crétine ou quoi?). Non pas que je te pense inculte (ah ! Quand même), mais il y a un certain nombre d’ouvrage que tu n'as sûrement pas lu. Or, je veux que tu les lise. Que tu comprenne. Et puis nous pourrons en discuter » Nous finissons notre thé et la tarte (une merveille!). Il se lève, et me tend de nouveau la main. Ce geste si gracieux qu'il refera chaque fois pour m'inviter à me lever. Quelque soit les circonstances. J'y glisse la mienne et me lève. « Cette première leçon est facile, n'est-ce pas ? Jamais les jambes serrées en ma présence. », me glisse-t-il à l'oreille. Je sens que j'ai intérêt de m'en souvenir. Dehors, il me présente son bras. J'aime cette façon de se tenir. Je préfère nettement au fait de se prendre la main. Je sens qu'avec son bras, il me force à rester un peu en arrière « Toujours un pas derrière moi » dit-il sans me regarder. Un long silence s'installe. Je me sens un peu mal à l'aise, mais je résiste à l'envie de bavasser... Nous récupérons le scooter et filons dans un quartier très animé. C'est quand nous passons devant le moulin rouge que je comprends où nous sommes. Pigalle. Mince, je ne pensais pas que c'était comme ça... Même si le soir commence à tomber, ce n'est pas la débauche de lumière que l'on peut voir lors des reportages. Les façades sont presque tristes... Il se gare. Sonne à une porte. Il avait pourtant parlé de shopping... Une grande dame nous ouvre. Elle porte une longue robe en velours noir, au décolleté vertigineux. Les manches ajustées se terminent en pointe sur le dos de ses mains. Ses long cheveux roux tombent sur ses épaules. Son visage est doux, mais son regard perçant. C'est une femme magnifique qui dégage une force folle. Salutations chaleureuses. Elle me regarde de la tête aux pieds, et retour. « C'est donc elle. Enchantée de faire votre connaissance. Je suis Dame M. Créatrice de délices en tout genres ». Elle me tend la main. Je lui serre. Je vois la figure de celui qui est maintenant mon Maître se crisper « Ne t'inquiète pas, je sais qu'elle est novice. Elle n' a pas encore tout retenu, ce n'est pas grave... - Je n'ai pas encore eu le temps de lui expliquer, en fait - Alors c'est toi qui est en tort... Je vais devoir sévir ? Dit-elle avec un regard malicieux Bon, ben j'ai fais une bourde... Moi qui était déjà super à l'aise devant cette femme impressionnante... Il se tourne vers moi « Je te présent mon mentor. Celle qui m'a tout appris de ce monde. Je t'expliquerai tout à l'heure comment saluer les autres Dominas et Dominants comme il se doit. » Il se tourne de nouveau vers Dame M « Tu imagine ce que je viens chercher ? - Oui, bien sûr. Suis-moi » Elle ne s'adresse pas à moi, parce qu'elle sait que je vais le suivre, de toute façon. J'ai compris ça aussi. Sauf mention contraire, là ou il va, je vais... Nous montons à l'étage de cette belle maison, et entrons dans une pièce qui ressemble aux anciens salons d'essayage des grandes maisons de couture. Sauf que sur les portant, il y n'y a pas que des robes de soirées ou des tailleurs... Des ensembles en cuir, des harnais, des ustensiles divers, des chaînes, etc, etc... Mes yeux font le tour du lieu. C'est magnifique. Je ne sais pas à quoi sert le quart des choses, mais je sens bien que tout cela a rapport avec les pratiques BDSM (qu'on appelle encore « scène SM). Et bien sûr, la curiosité l'emporte sur la surprise... « Bien, pour commencer, un collier de travail ? - Avec une laisse, oui, s'il te plaît » Pendant que Dame M cherche dans un tiroir d'un très joli meuble d’apothicaire, Maître me demande de me déshabiller « Pour cette fois, tu peux rester en sous-vêtement » ajoute-il. J'entends Dame M lui murmurer avec un sourire amusé « Pfff... Quel dommage... ». Lui, sourit comme pour lui dire « Laisse lui du temps... » Dame M sort un collier en cuir et sa laisse. L'ensemble est très simple, presque massif. Je suis devant mon Maître et cette femme que je ne connais pas, presque nue, et je ne ressent rien... Mon esprit et mon corps se sont déconnecté comme par magie... Il s'approche de moi : « Relève tes cheveux. Là... » Le collier est large, en cuir épais, couleur cannelle. Sur le devant, il comporte un anneau solide, et part légèrement en pointe vers le bas. C'est simple et beau à la fois. Dans mon esprit, une pensée tourbillonne « On est en train de me mettre un collier comme à un animal ... ». Cette idée m'amuse, en fait... « Il lui va bien ? Demande Dame M, toujours à la recherche de quelque chose apparemment... - Oui, c'est exactement ce qu'il faut à une petite chienne pour son dressage, répond Maître en souriant et en ajustant le collier. Il continue à mon égard : - C'est un collier de travail et de maintient. Ce n'est pas « LE » collier que je te passerai à la fin de ton noviciat. La pointe, là, va t'obliger à te tenir droite, tout en te permettant de baisser les yeux quand je te l'ordonnerai. Il est confortable ? Je hoche positivement le tête. Un peu trop fort, ce qui fait que je sens la pointe entrer dans le creux en haut de mon sternum. Il accroche la laisse. « Là. C'est bien comme ça. » Il tire un coup sec sur la laisse, ce qui me déstabilise et me fait presque tomber sur lui, mon visage à quelques centimètre du sien. Il plonge ses yeux dans les miens. « Oui, c'est parfait ». Et il relâche son étreinte. Je reprends mon équilibre et mes esprits... « Je lui ai trouvé ça aussi... » Nous interrompt Dame M en apportant un corset en soie noire. - Parfait ! Je te laisse lui passer ? Propose mon Maître à son Mentor en s’asseyant dans un fauteuil club - Tu m'honore, merci ! » Elle se poste devant moi. « Lève les bras ». Sa voix est douce mais ferme. J’obéis. Maître ne perd bien sûr pas une seconde de la scène. Dame M se penche et me passe le corset dans le dos, m'effleurant de son buste et de ses cheveux au passage... Je jurerais l'avoir entendu respirer mon parfum... Elle ajuste le corset sur mes hanches et attache les agrafages une à une sur le devant. Ça ne serre pas tant que ça, un fois toutes les agrafes accrochées. « Là... C'est très joli » dit doucement Dame M. « On va pouvoir serrer les lacets... » A ben oui... C'était trop beau... Elle passe dans mon dos, et Maître voit enfin le début du résultat. Il apprécie, apparemment... Je sent les lacets qui glissent dans les œillets, serrant petit à petit. C'est très agréable, en fait... Ma taille se serre, et ma poitrine se gonfle. Le corset se glisse juste sous mon soutient gorge. Je sais que la prochaine fois, il voudra que j'ai les seins libres... Mon esprit s'embrume, se perd dans cette sensation si particulière. Je me sens contrainte, mais si bien... La voix de Dame M me ramène à la réalité : - Je ne sers pas trop, pour une première fois. Il ne s'agirait pas qu'elle s'évanouisse... Dit-elle en riant, les mains posées délicatement sur mes hanches - Oui, elle est déjà partie, de toute façon » Répond Maître avec autant d'amusement dans la voix. Ah ben voilà qu'ils se moquent... Je devait avoir l'air bien cruche... Je rougie jusqu'aux oreilles... - Mais non... Ne sois pas gênée... C'était très beau ! » Me rassure Maître avec ce léger sourire. Dame M propose également un harnais permettant d'y accrocher les entraves, et bien sûr les entraves assorties, poignets et chevilles. Elle me les essaie au dessus du corset. Le moment est moins sensuel, mais très intense. Et bien sûr, Maître n'en perd pas une miette dans son fauteuil. Elle vient se poster à côté de Maître et regarde le résultat. Je me tiens droite, fière. Je sens cette fierté coller en moi depuis Dame M et Mon Maître. Depuis leur regard. Cette sensation si particulière qui me suivra tout au long de mon année aux côtés de mon Maître... « Bien, elle commence à ressembler à quelque chose... » Ce n'est pas très élogieux, mais pourtant, je le prends pour un compliment. « Merci beaucoup, M. Tu me fais livrer tout ça là ? » dit-il en lui tendant la carte de l'hôtel où je loge - Bien sûr. Et s'adressant à moi : Tu vas arriver à tout enlever, ou je t'aide ? - Non non... Ça devrait aller... » Je bredouille et ajoute à la volée « … Madame » - Elle apprend vite ! Ajoute Dame M à mon Maître avec un clin d’œil, en retirant le nœud du lacet, ce qui me libère instantanément de la pression du corset. C'est bien, tu vas faire sa fierté, je suis sûre. Et il le mérite ! - Merci Madame » Je retire, à regret en fait, les entraves, le harnais et le corset, je remet le tout entre les mains de Dame M, et après les salutations d'usage, nous sortons. « Bien. Direction le bouquiniste, maintenant ! »... A suivre...
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Août 2022
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