La Fille De Mars, Chapitre 1

Tout d'abord, il me faut commencer par le commencement : notre rencontre... Nous avions nombre d'amis en commun, mais ne nous étions jamais rencontrés.

En effet, sa profession l'emmenait souvent loin de la capitale, à l'étranger, la mienne à rester dans l'ombre...

Pourtant, un jour, nos univers se sont rencontrés.
 
Il avait demandé à un ami s'il pouvait lui recommander une jeune femme de belle présentation, bonne conversation, et si possible parlant correctement l'anglais, pour un dîner d'affaire. En effet, il devait recevoir de gros clients étrangers à Paris. Et comme il se doit, faire la « tournée des grands Ducs » les épouses de ces clients les accompagnant, profitant de la venue de leurs maris pour visiter un peu la France.
 
Le dîner promettait d'être bien morne pour ces épouses, dont les maris allaient parler affaire...
 
Bien sûr, il aurait pu demander à sa propre épouse de venir tenir compagnie aux autres dames. Mais celle-ci ne prisait guère ce genre de mondanité. D'autre part, elle ne parlait pas un traître mot d'anglais. Et d’ailleurs il est plus convivial de pouvoir se passer des traducteurs et se parler directement.
 
Damien, l'ami en commun auquel il avait demandé, avait tout de suite pensé à moi. J'avais déjà travaillé comme hôtesse pour lui lors de salon et de réceptions. Il ne doutait pas que mes « compétences et services » allaient au-delà de la simple représentation, même s'il n'y avait jamais eu recours. Il en lui en fit état, mais Thomas, puisque c'était son prénom, précisa que ce genre de « service » ne serait pas demandés.
 
Thomas pris mon numéro, et je reçu son appel le soir même.
 
« La Fille De Mars ?
- Oui
- Bonsoir.je me présente, Thomas B. Je dirige un grand groupe industriel. Vous connaissez Mr Damien V, il me semble ? C'est lui qui m'a donné vos coordonnées.
- En effet, je le connais. Et nous, nous nous connaissons ?
- Pas que je sache... Même s'il est bien possible que nous nous soyons déjà croisés...
- Je ne pense pas. Je n'oublie jamais un client potentiel. C'est primordial, dans mon métier. La concurrence est rude. C'est ce genre de petits détails qui font la différence, plaisantais-je
- Je vois... (je l'entendais sourire au téléphone). J'aurais besoin de vos services pour un dîner d'affaire.
Dîner... « Agrémenté » ?
- Non. Enfin, je ne pense pas... Mais à vous de voir. Ce qui se passe après la fin du dîner ne me regarde pas.
- Bien. Pouvons-nous nous rencontrer pour parler plus à l'aise des modalités ? Je pense que vous connaissez les grandes lignes de ce que seront mes exigences, mais il y a toujours des détails à régler...
- Bien sûr ! Que diriez-vous de mardi ? 15H30 ? A mon bureau, ou à votre convenance...
- Le Starbucks de la défense ? Cela vous convient ?
- Très bien. A mardi, 15h30, alors. Bonne soirée, mademoiselle.
- A mardi. Bonne soirée, monsieur »
 
Brève conversation. Jolie voix. Je sourie en raccrochant. Il sait de quoi on parle. Je pense qu'il n'y aura pas de problème. Je ne pensais pas, en tout cas, à ce moment-là...
 
Nous sommes mardi, 15h25. Je suis une petit peu en avance, et je me suis assise près de la porte du fond, dans un recoin tranquille. Mon café est excellent, et je regarde les passants.
 
Un homme entre, la cinquantaine poivre et sel. Il passe la porte arrière en balayant le café des yeux. Je sais que c'est lui. Je le fixe du regard, un demi sourire aux lèvres. Dieu qu'il est séduisant ! Ce n'est pas toujours le cas, loin de là ! Pourvu que la conversation suive, et cette collaboration démarrera sous les meilleurs auspices !
 
Son regard accroche le mien. Il s'approche, penche légèrement la tête sur le côté, un petit sourire sur sa bouche fine.
 
- La Fille De Mars ?
- Oui. Monsieur Thomas, je suppose ?
- Tout à fait !  

Nous nous serrons la main et il va se chercher un café. Il est charmant. Dans sa voix, il y a autant de douceur que de fermeté.
 
Il revient avec son expresso.
 
« Vous seriez libre samedi en 15 ? Je vous explique... »
 
Suivent les détails sur ce qu'il attend de moi. La conversation se poursuit un temps en anglais, afin de vérifier mon niveau.
 
Nous en arrivons aux modalités financières. Il ne sourcille même pas devant mon tarif, qui pourrait paraître exorbitant. Aucun doute, soit il connaît, soit il a des nerfs d'acier. Vu son poste, un peu des deux, je suppose...

La suite...

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