Ou « Quand le BDSM devient spectacle »... Les « murder party » ou les « escapes games » font fureur en ce moment. Ce sont des jeux de rôle, grandeur réelle, costumés souvent et se déroulant dans des lieux servant le scénario de départ. Il n'était donc pas étonnant que le BDSM, considéré également par certain comme un jeu de rôle, se voit concerné par le phénomène... Mais qu'en penser ? Est-ce une bonne ou mauvaise chose ? Est-ce encore du BDSM ? Déjà, comme toujours, cet article reflète MA vision des choses et n'engage QUE MOI.
S'il peut nourrir votre réflexion, j'en serais ravie. Dans le cas contraire, passez votre chemin. Le net est vaste et les blogs tels que le miens sont légions... Donc, j'ai eu connaissance de ces « Murder Party » à la sauce BDSM par le biais d'un lecteur m'envoyant le lien de cet événement pour mon agenda. J'ai donc creusé un peu plus, afin de savoir si cela entrait dans ma « ligne éditoriale ». Je vous résume donc ce que j'ai appris sur cette soirée. Déjà, il semble que ce ne soit pas la première édition organisée, mais celle-ci est inédite à bien des égards... En effet, si les précédentes éditions étaient accessibles en couple BDSM*, celle-ci ne s'adresse qu'aux soumis(es). Ensuite, le lieu. Et pour finir le prix. Je ne doute en aucun cas du sérieux de l'organisation, les personnes Dominantes officiant, étant très connues dans le milieu. D'autre part, un questionnaire complet est envoyé à chaque participant sur ses limites, son « expérience », et sa santé. C'est plutôt dans l'esprit. En effet, plusieurs points ont attiré mon intention. 1/la soirée est totalement scénarisée. Elle regroupe 3 types de personnes : - Les performers. Prestataires divers payés pour leur intervention - Les acteurs. Personnes ayant payé leur places pour faire partie intégrante du jeu. Elles ont des interactions directes et physiques avec les performers. - Ceux que j’appellerais les « spectateurs ». Qui payent aussi, mais moins cher, mais n'auront pas d'interaction directe avec les autres participants (d’où ma dénomination de « spectateurs ».) Le pitch : Les convives (performers, acteurs et spectateurs) viennent pour assister à un spectacle d'un cabaret inédit. Il y a un cocktail et un buffet dînatoire avant le spectacle. Mais alors que chacun profite du buffet, un meurtre est commis. Le lieu est bouclé par la police, et l'enquête, et les interrogatoires donc, commence. Chaque personne (« acteurs » comme « spectateurs ») reçoit avant la soirée son scénario. Chaque rôle est différent. 2/ A part les organisateurs et les performers, personne ne sait qui est qui... Les participants savent les noms des personnes Dominantes qui vont intervenir, mais ne savent pas quel sera leur rôle. D'autre part, ils ne savent rien des autres acteurs ou spectateurs. Chacun ne connaissant que son propre rôle. Et même s'ils se présentent au cours de la soirée, ils se présenteront sous leur rôle, mais pas sous leur identité (BDSM ou autre). Et ce qu'ils diront d'eux est dans le scénario donné... Pour moi, l'aspect consensuel de nos pratiques n'est pas respecté. De plus, la totale scénarisation, de la part de personne que l'on ne connaît pas, laisse plutôt l'impression d'un spectacle et non d'une soirée BDSM... Et puis pratiquer (car on nous assure que ce sera du « vrai BDSM ») avec des personnes que l'on ne connaît pas. Qui ne nous connaissent pas, aussi expérimentées soit-elles, et malgré le questionnaire qui n'engage que la personne qui le rempli, et peut autant être du fantasme que de la réalité... Ce n'est pas ma vision du BDSM 3/ Le prix est exorbitant ! 400€ pour les acteurs, 200 pour les spectateurs ! Alors, on oppose à ma réflexion que le buffet est concocté par un grand chef, et que le tout est accompagné à discrétion par de grands crus. Que le jeu se déroule dans un lieu d’exception... Certes ! Mais déjà, que l'on laisse des vins « à discrétion » pour des personnes que l'on ne connaît pas dans une soirée BDSM me choque, de par les dérives toujours possibles. Ensuite, les spectateurs vont donc payer pour regarder un spectacle où certaines personnes seront payées, et d'autres auront payé... Je n'arrive pas à trouver ça sain... Ensuite, le fait de payer plus cher pour pouvoir pratiquer avec les performers me gène également. Quand on va en club, tout le monde paie le même prix d'entrée. Que l'on participe activement ou non. Qu'il y ai des performers ou non. Là, j'ai vraiment l'impression que l'on se sert de l'envie de se soumettre de nombre de personnes soumises sans Maître ni Maîtresse, pour tirer un maximum de profit. Un peu comme ces vénales qui demandent des sommes toujours plus importantes à leurs victimes... Vous l'avez compris, je ne cautionne pas ce genre de soirée, même si les éditions précédentes, mixtes, étaient moins chères. J'ai donc refusé de la faire paraître dans mon agenda. Encore une fois, je ne doute pas du tout du sérieux de l'organisation, et j'espère que les personnes participantes auront passée une bonne soirée. Mais je trouve, et encore une fois cet avis n'engage que moi, que ce n'est pas dans l'esprit du BDSM. Mais une espèce de « dîner-spectacle ». Autant pour avoir participé à des murder party, c'est en effet très drôle et si c'est bien fait, on se prend au jeu, et on passe un excellent moment. Autant le BDSM n'est pas une mascarade. *Par couple BDSM, j'entends le couple personne Dominante et personne soumise. Je ne parle pas de la notion de « couple » au sens vanille du terme.
1 Commentaire
3/2/2018 21:05:17
REPONSE DE L'ORGANISATRICE DU SUBSPACE
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