En effet, je me rend compte que beaucoup de fausses idées circulent sur le noviciat, générant des incompréhensions, voir de la réprobation vis à vis de cette période. Surtout pour les personnes soumises qui n'y voient parfois qu'une « période d'essai » hors relation, où le Dom peut tout arrêter sur un claquement de doigt.
D'ailleurs, on parle plus facilement de la période de noviciat de la personne soumise, car elle est prise en charge par la personne Dominante. On se dit donc logiquement que cette personne Dominante est sorti de son noviciat, pour prendre ainsi en charge une soumise. Hors, il n'y a pas de noviciat « officiel » pour une personne Dominante. On parle souvent directement de Dom « débutant(e) ». Car si pour une soumise, la fin de son noviciat se voit acté par la pose du collier de son Maître, il n'y a pas de signe extérieur équivalent pour la personne Dominante. Avant l'avènement du net, une personne Dominante était le plus souvent d'abord sous le mentorat une autre personne Dominante. C'était ce Mentor qui estimait quand il pensait le moment venu de prendre une personne soumise. Donc, si je vais plutôt parler du noviciat de la personne soumise (parce que c'est aussi ce que je connais le mieux), les grandes lignes sont aussi valables pour la personne Dominante qui va avoir en charge sa première soumise. Mais reprenons le cour logique des choses. Voilà. Vous vous êtes trouvés. Vous discutez depuis un certain temps, vous vous êtes vu une ou plusieurs fois. Vous avez décelé en lui celui que vous aimeriez comme Maître, et lui, il voit en vous celle qu'il aimerait voir se soumettre à lui... Logiquement donc, vous venez de lui offrir votre soumission. Mais il est le premier. Donc, il est impossible en réalité que vous puissiez vous offrir en toute connaissance de cause, en fait. Et sans le savoir, vous avez posé le début de votre noviciat. Le noviciat va comporter un certain nombre d'étapes qui permettent de se découvrir, de se révéler à soit même. La personne Dominante a un « plan » en tête. Mais ce plan ne vise qu'à donner la direction générale. Une relation BDSM est une progression... Et si le Dominant ne donne pas une direction, donc des objectifs à atteindre, on se retrouve dans un schéma vanille, ou le couple vogue au grès du courant. Simplement, ce n'est pas présenté comme un plan d'évolution professionnelle, par exemple : "Alors donc, nous allons faire évoluer ta sensualité (pour prendre un exemple). Donc, étape 1 à terme d'une semaine, t'apprendre à accepter de te caresser devant moi..." etc... Là, oui, la magie serait tuée dans l’œuf, non ? C'est donc toute la subtilité de la qualité d'une personne dominante, qui va avoir ce plan en tête, mais va amener la personne soumise à faire sortir ça d'elle même, sans qu'elle s'en rende compte. Le noviciat est l'apprentissage de soi même. Il permet de descendre progressivement dans les recoins les plus sombres de soi. D'apprendre à se connaître. De connaître et d’analyser ses réaction face à telle ou telle situation, telle ou telle envie, telle ou telle de ces pratiques extrêmes (même un "simple" lien D/s est une pratique extrême. Alors que dire des autres pratiques plus orientées SM). Bien sûr, il y a également un apprentissage "technique" (protocole, postures, etc... Suivant le Maître). Mais il y a aussi tout un pan qui est très souvent délaissé dans le BDSM 2.0 : l'évolution intellectuelle de la soumise. En effet, éduquer une soumise novice, surtout si elle est jeune, c'est tailler un diamant brut. L'élever au rang de joyaux. Donc, il peut également être nécessaire de parfaire sa culture générale, ou de l'approfondir. Cela peu passer par des lectures, des découvertes d’œuvres théâtrales, musicales, poétiques, etc... Voir une reprise de l’enseignement des fondamentaux (Lire, écrire, compter). Au cour du noviciat, la qualité de la personne dominante va résider dans l'adaptation dont elle fera preuve face aux réactions de la personne soumise. Sa capacité à rebondir lors des échec de celle-ci, et d'en tirer un enseignement positif. Il lui faut donc suffisamment d’humilité pour accepter que son enseignement soit une base. Et qu'elle doivent, elle aussi, évoluer dans sa pédagogie face à la personne soumise. Le noviciat n'est pas une pré-relation, comme j'ai pu le lire. C'est une relation à part entière. La base saine du premier lien, et le début du lien en lui même. C'est un engagement fort pour tout les deux. Et ce n'est qu'à la fin du noviciat (dont la longueur va varier d'une personne à l'autre, et est impossible à déterminer au départ) que la personne Dominante pourra offrir son collier à la personne soumise, qu'elle aura appris à connaître. Et que celle-ci sera capable d'accepter en toute connaissance de cause. Comment consentir de se donner corps et âme (voir cœur) en pleine conscience si on ne se connais pas soi même ? Comment offrir son collier si la personne Dominante ne connaît pas son ou sa soumis(e) dans ce qu'elle a de plus intime ? Alors, oui, la fin du noviciat ne se termine pas forcement par ce « Happy end » qu'est la pose du collier. Mais c'est là encore que le BDSM se différencie des relations vanille. Même si aucun des deux ne doit s'être engagés à la légère dans cette relation, pour « essayer », le lien BDSM peut être amené à être brisé pour différentes raisons, à la fin du noviciat, que ce soit par la personne Dominante ou soumise. Il se peut qu'il s'avère au fil du temps, qu'il y ai simplement « incompatibilité d'humeur ». L'un n'est pas fait pour l'autre, et réciproquement. Généralement, cette cause provoque la rupture du lien bien avant la fin du noviciat. Enfin, toujours est-il que cela soit souhaitable. Dans ce cas, si amicalement la relation est encore possible, la personne Dominante peut devenir le Mentor* de la soumise. D'autre part, il se peut que la personne Dominante sente que son enseignement n'est pas ce qu'il faut à la personne soumise. Il est donc de son devoir de mettre fin au lien, au moment où il ne pourra plus rien lui apporter, et d'accompagner la personne soumise dans sa recherche d'un nouveau Dominant dont l'enseignement lui conviendra mieux. La personne Dominante devient ainsi le « protecteur** » de la personne soumise. Il se peut aussi qu'à la fin du noviciat, le Dominant ne puisse plus faire évoluer sa soumise. Que leur lien ne puisse s'épanouir plus allant. Parce que, oui, la relation BDSM doit permettre un épanouissement et une évolution perpétuels. Le noviciat pose les bases. Le lien les fait évoluer. Et parfois, cette évolution n'est possible que via un autre Dominant. Mais est-ce grave ? Ce sont dans les relations vanille que l'on s'accroche à celui qui ne nous convient pas tout à fait, parce que l'on a des sentiments. Dans une relation BDSM, c'est justement parce qu'on a des sentiments, que l'on va cesser une relation mortifère pour que chacun puisse trouver la personne Dominante ou la personne soumise qui va lui convenir. Mais restons sur une fin positive (je reviendrai plus en détail sur la fin du lien dans un article à part entière, tant cette fin peut être complexe). Donc, la personne soumise à fini son noviciat. Son Dom va donc lui proposer de porter son collier. Et la personne soumise va poser son deuxième acte de soumission fort : elle va l'accepter. La pose du collier est le signe d'un engagement de l'un vis à vis de l'autre. Une façon d'acter que la relation est engagée dans une certaine pérennité. Mais ce n'est en aucun cas un mariage BDSM comme on le dit parfois (c'est la cérémonie des deux roses qui en serait plus proche). Si on veut encore faire le parallèle avec la vie vanille, ce serait des fiançailles. Cette pose du collier n'est pas forcément public. C'est libre à chacun. Et après, me direz-vous ? C'est tout ? Maîmaître met ses pantoufles, et sousoum se couche à ses pieds après lui avoir apporté son journal ? Ah ben non ! Ce serait trop facile ! C'est juste que commence la deuxième grande étape de la relation : le renforcement du lien. Les deux vont continuer à évoluer ensemble. L'un avec l'autre, l'un vis à vis de l'autre, l'un pour l'autre. Et peut être encore que cette relation verra une fin un jour. Mais encore là, ce doit être dans le respect de chacun, et non pour une broutille, ou des détails. Et cette rupture du lien ne survient pas du jour au lendemain, mais après de longues discussions. Et puis, même si a ce moment là on est souvent persuadé qu'on n'aura plus jamais d'autre Dom, vient le moment de renouer le lien avec un autre. Et donc ? On recommence son noviciat ? On part sur une pose de collier directement ? La réponse aux deux questions est « Non ». On ne repart pas pour un nouveau noviciat, puisque qu'un certains nombre de chose sont normalement consolidées. Par contre, on évolue tous. Et on n'a pas en face de soi son ancienne personne Dominante. Donc, sans repartir dans un apprentissage total, il va y avoir une période pendant laquelle les deux protagonistes vont apprendre à se connaître. C'est une phase de découverte de l'autre. Parfois de redécouverte de soi, sous un autre jour. Un moment où le lien se créait, se façonne. Et ce n'est qu'à la fin de cette découverte, après même parfois certaines étapes (toujours aussi variable selon les personnes, mais les colliers donnés après 1 semaine de relation me laissent perplexe...) que le Dominant proposera son collier à la personne soumise. Reprenons un parallèle vanille. Quand on rencontre quelqu'un qui nous plaît, et avec qui on aurais envie de peut-être construire quelque chose. Même si ce n'est pas notre première relation, est-ce qu'on lui donnes de suite les clefs de chez toi, en disant "Tu sais, tu viens quand tu veux !" Même si cette personne est déjà un contact amical, on vas y aller par étape avec elle. Et peut-être qu'au grès de ces étapes, on va se rendre compte que cette personne n'est en fait pas celle que l'on pensait, et que « ça va pas le faire »... Ou au contraire,que c'est LA personne que l'on attendait. L'ossature de la relation BDSM est ainsi également. Mais il faut garder à l'esprit que l'on apprend toujours. Que ce qui compte est avant tout de cheminer, d'évoluer, de grandir. Donc, le noviciat est une période fini dans le temps. Mais sa fin veut au contraire dire que ce n'est que le commencement. *Mentor : Personne Dominante qui continue à « éduquer » d'une certaine façon une soumise novice en l'attente de la reprise du noviciat par une autre personne Dominante, en l'ABSENCE DE TOUTE PRATIQUE BDSM. Un Mentor n'est pas un Maître par intérim !!! **Protecteur : Personne Dominante qui accompagne une soumise dans le moment où elle n'a pas d'autre appartenance, toujours en l'ABSENCE DE TOUTE PRATIQUE BDSM. Un protecteur n'est pas non plus un Maître par intérim !!! Photo ©JulienDumas : http://www.juliendumas.fr/
3 Commentaires
alexandre
10/8/2017 01:01:02
interessant !!:-)
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Chère Fille de Mars,
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La Fille de Mars
25/2/2019 11:40:31
Chère Ambre,
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