Très régulièrement le sujet revient, et fait polémique. Est ce que libertinage et BDSM, c'est pareil ? Est ce que le BDSM est du libertinage ? Est-ce que le libertinage est compris dans le BDSM, ou est-ce l'inverse ? La plupart du temps, les avis sont très tranchés et les esprits s'échauffent vite... J'ai trouvé intéressant de partir de la base : D'où vient le BDSM et le libertinage ? Ont-ils une origine commune, parallèles ou totalement différentes ? Voici donc une « brève histoire du temps » du BDSM et du libertinage. En effet, ils ne sont pas nés en même temps. Si l'un semble présent dès l'antiquité, le libertinage en tant que tel apparaît bien après (tous débordements orgiaque étant dans la logique des choses dans l'antiquité) Dans de nombreux ouvrages, on trouve des traces de pratiques BDSM. Le roi Salomon semblait se faire piquer par des femmes pour réveiller sa virilité. Hérode (autre roi) se serait fait enchaîner et frapper par des esclaves femmes pour la même raison. Socrate avait semble-t-il une relation SM avec son épouse. Les courtisanes de l'antiquité portaient comme offrandes aux temples de Vénus des fouets, des brides, voir même des éperons. Dans le Satyricon, Pétrone décrit la scène de personnes se faisant fouetter aux orties, toujours pour stimuler la virilité. Et a Pompéi la fresque dite « la flagellée » est très célèbre. L’autre part les poèmes de la chine ancienne ou de l’age d’or du monde musulman évoquent des états émotionnels et des pratiques mêlant douleurs et plaisirs… Dans l'antiquité, étymologiquement, le « libertus » ou le « libertinus » est à Rome un affranchi, un ancien esclave qui a reçu sa liberté. « Libertinus » est un statut social. Le mot désigne aussi plus tard un fils d'affranchi, donc marqué par une infériorité sociale. Un emploi particulier s'impose au Moyen Âge, qui fait du libertin l'esclave sarrasin qui est devenu chrétien. Métaphoriquement, le paganisme et l'Islam apparaissent comme des esclavages dont le converti se libère. Pourtant l'excès de liberté équivaut à un retour à l'erreur. C'est un sens négatif qui s'impose au XVIème siècle, lorsque « libertins » se met à désigner, dans le contexte des guerres de religion, ceux qui s'éloignent de la vraie religion. L'acte de libertinage n'existe pas non plus en lui même. Puisqu'il est en fait la réaction au regain de dévotion religieuse. Relecture des théories du philosophe grec Épicure, le libertinage est un courant de pensée né au XVIème siècle en Italie (Cardan, Paracelse, Machiavel), puis continué au siècle suivant par Gassendi. Affirmant l’autonomie morale de l’homme face à l’autorité religieuse (aspect surtout spéculatif de la liberté d’esprit). Le néologisme « libertin » apparaît alors dans la haute société française, au début du XVIIe siècle. Il provient de la traduction approximative d'un mot employé par le prédicateur Jean Calvin dans l'un de ses ouvrages Les mystiques et les dévots, particulièrement rigoureux, côtoient alors des « libertins de hauts vol », puissant aristocrates ou intellectuels, qui combinent liberté de pensée et licence sexuelle, impiété et amoralisme ((homosexualité, viols, violences gratuites contre les domestiques ou les prostituées...) Il débouche au XVIIIe siècle sur la forme moderne de l’esprit critique. Le personnage de Dom Juan est popularisé par Molière, et avec lui l'idée qu'un libertin profite de ce courant de pensée pour s'affranchir de toute morale. Cette image de l'aristocrate dépravé prend toute sa consistance au XVIII e siècle. En même temps que les philosophes des Lumières voient dans la liberté un idéal à atteindre dans la quête du bonheur, le roman libertin apparaît et devient un genre littéraire particulier. La mort de Louis XIV, en 1715, signe l'apparition d'un nouveau libertinage de mœurs. Louis XV (XVIIIéme siècle), lui, semblait beaucoup aimer flageller les jeunes femmes qui partageaient son lit. Au XVIIIè siècle, Donatien Alphonse François de Sade, un homme de lettres, romancier, philosophe et homme politique français, publie des romans subversif (dont il renie d'ailleurs certains) où il est surtout question d'érotisme et de pornographie, associé à des actes de violence et de cruauté (tortures, incestes, viols, pédophilie, meurtres, etc.) et où il développe largement une expression d'un athéisme anticlérical. Même si ce qu'il y décrit n'est que pure invention pour la quasi totalité de son œuvre, ses contemporains y voient de suite la subversion plus que l’obscénité. Raison de sa mise à l'index mais également du rejet par le reste de la société. En ce qui concerne le BDSM, dans les écrits et récits érotiques du XIXème, on ne peut passer à côté de passages relatifs à une tradition russe qui prône la flagellation des femmes comme seul moyen de les rassasier. En 1886, Kraft-Ebing, psychiatre auteur d'une étude des perversions sexuelles intitulée Psychopathia Sexualis, popularise les termes de « Masochisme » et « Sadisme ». Mais pas dans un sens très élogieux. En effet, pour lui, c'est une pathologie dont le plus grand criminel est Sader Masoch. Dont le plus grand crime est en fait de s'affranchir de ce que l'on appelle à l'époque « le prima du phalus » (le privilège de la virilité) C'est pourtant bien Sader Masoch qui va sortir le SM de l'ombre. Contrairement à Sade, il met en scène un modèle impensable pour l'époque : La Domination des femmes sur l'homme, plus proche des pratiques païennes que des bonnes mœurs chrétiennes. Lorsque la victime réclame sa mise en esclavage, et que le Maître ou la Maîtresse accepte le rôle implicitement ou explicitement nous sommes alors dans un pacte. C'est donc bien Sacher-Masoch et non Sade, qui appartient au domaine du BDSM. De plus, là où les écrits de Sade n'ont pour but que de dénoncer une société absurde, les écrits de Sader Masoch ont vocation à être fantasmes et vécus. Fantasmes hérités des récits, entendus petit, de contes slaves (où le « knout », fouet traditionnel avait une très large place, ainsi que les déesses et héroïnes puissantes et cruelles, chargées d'une mission divine, ainsi que les impératrices, Reines et Tsarines). Mais également de la vision de sa tante trompant et humiliant son mari... Depuis, le libertinage et le BDSM sont restés des cousins, parfois si proche qu'ils s'interpénètrent. En effet, les libertins, dont on ne garde plus que le côté « liberté sexuelle », aiment parfois à pimenter de jeux SM ou D/s leurs ébats. De même, certains couples BDSM ajoutent les aspects du libertinage dans leurs séances (triolisme, candaulisme, échangisme, etc...) D'autres encore ont une « activité » libertine d'une part, et des séances BDSM de l'autre, ne mélangeant pas les deux. En conclusion de cet article un peu long qui, j'espère vous aura intéressé, je dirais pourquoi nous poser des questions existentielles sur ce qui pourrait être qui de l’œuf ou de l’œuf ? Pour rappel, la base du BDSM sont ses trois axes : Sûr, Sain et consensuel. La base du libertinage est « Tout est possible. Rien n'est obligatoire » Donc, à partir du moment où les pratiques correspondent à votre façon de voir le BDSM ou le libertinage, que votre ou vos partenaires sont en accord avec cela, sans tromperie ni cachotterie, je ne peux avoir qu'un seul conseil : Enjoy !
1 Commentaire
20/5/2018 19:00:33
Je pense que BDSM et libertinage sont deux choses bien différentes mais que rien n’empêche de les associer. Au même titre que la glace à la vanille et celle au chocolat sont 2 goûts différents mais que l’on peut très bien les associer dans un mème dessert.
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