Je suis venue te dire que je m'en vais...

Quand on est dans une relation B D S M, et que le lien est sincère et profond, on n'envisage pas que cela puisse avoir une fin.

Pourtant, malheureusement, de même que le lien se noue, il arrive qu'il se dénoue...

Des conversations régulières avec des personnes dont l'un ou l'autre du couple B D S M à décidé de dénouer le lien me pousse à vous donner ma vision de l'après-lien... ​

Dans un premier temps, voyons les deux cas de figure (quitter et être quitté) et ce qu'ils impliquent, pour ensuite voir ce que l'on peut en retirer comme analyse.


J'ai moi même été amenée à dénouer deux fois le Lien que j'avais construit.

Il serait facile de se dire que cette place de « prescripteur » de la rupture est la plus confortable.

Alors en un certain sens, oui. Parce que si on en arrive à prendre cette décision, c'est que l'on y a réfléchi, et que l'on est prêt à assumer cette rupture. Mais le manque n'en est pas moins fort. Et une fois le lien rompu, on se pose mille questions. Si on a bien fait. Si on ne s'est pas basé sur de mauvaises raisons pour prendre sa décision.

Et surtout, la nature absolue du Lien BDSM fait que l'on se sent comme incomplète. On se rappelle les bons moments, et on doute. Et puis à d'autres moment, notre raison reprend le dessus, on se remémore les raisons de la rupture et on arrive à faire la part des choses. Ces allez-retours entre les élans du cœur et la raison s'espacent dans le temps, et vont se stabiliser dans un état ou un autre.

La deuxième réflexion serait de dire « Oui, mais ils se quittent en bon terme... Et c'est la faute de personne... C'est pas comme si il l'avait trahi, ou un truc du genre... »

Alors oui et non... Même dans le cas où on quitte l'autre sur un contentieux plus ou moins grave, à la douleur de ce contentieux s'ajoute aussi le manque. Parce que le Lien BDSM est une relation hors norme, qui nécessite une énorme prise de recul pour accepter l'absence de l'autre. Quoi qu'il ait fait pour motiver la rupture. Alors cette sensation va apparaître plus ou moins tard, souvent en fonction de la faute et de la colère ressenti, et durer plus ou moins longtemps en fonction de la durée du lien rompu, des sentiments et de la personnalité de chacun. Mais elle est pourtant bien réelle.


Pour mon second Maître, c'est lui qui a dénoué le lien.

C'était comme si un gouffre s'ouvrait sous mes pieds. J'étais perdue. Je ne comprenais pas. Et surtout, je ne me voyais pas sans lui. C'était impensable pour moi. Pendant de long mois j'ai cru pouvoir le faire revenir sur sa décision. J'ai tout fait pour lui donner la meilleur image de moi-même. Celle qui l'avait séduite... Il allait obligatoirement se rendre compte que j'étais celle qu'il lui fallait. Que je lui manquais. Mais lui était bien décidé à passer à autre chose. Et il m'a fallut faire le deuil de notre histoire.


Parce que, oui, la période après la rupture du lien BDSM peut être assimilé à une période de deuil, où il faut passer un certain nombre d'étapes obligatoires.

Les 5 étapes du deuil, identifiées par la psychiatre Elisabeth Kübler-Ross dans le cadre de ses recherches sur les soins palliatifs et désormais appliquées plus largement, peuvent bien sûr s'appliquer à la rupture du Lien BDSM :

- Le déni. 'Il va revenir sur sa décision. » « Il s'est trompé. Il va se rendre compte. » Mais aussi « Et si j'avais fait une erreur ? »

- La colère. « Pourquoi moi et pas un(e) autre ? » « Ça les fait bien rigoler qu'il m'ait jeté ! » « Et lui, il se pavane ! » « Il n'en a rien à faire en fait » « Mais pourquoi je l'ai quitté ! » voir « Ah ben voilà ! Il/elle est bien content(e) que je lui ai laissé la place ! » si d'autres personnes approchent l'autre.

- Le marchandage. « On garde contact de toute façon » « Et puis en attendant que vous/tu trouv(e)(iez) quelqu'un, nous pouvons continuer nos séance en play partner »

- La dépression. « C'est fini. Il ne veut plus de moi » « Je ne veux plus d'autres Maître(sse)/soumis(e) » « Si il m'a laissé, c'est parce que je ne suis pas un(e) bon(ne) Maître(sse)/soumis(e) »

- L'acceptation. Qui peut venir parce que l'on a fait le chemin, mais aussi parce que l'on en apprend plus sur celui (ou celle) qui nous a quitté et que l'on idolâtrait, et qui le fait tomber de son piédestal...


Tant que ces étapes ne sont pas franchies, il est à mon sens, illusoire de vouloir trouver un(e) nouv(eau)(elle) Maître(sse)/soumis(e).

Parce qu'on ne comble pas le manque de la personne Dominante ou soumise avec une autre. Les personnes Dominantes comme les personnes soumises ne sont pas interchangeables et il faut se défaire de l’appartenance précédente avant d'en envisager une autre, que l'on soit Dom(e) ou soum(e).

On peut être tenté de succomber aux avances des personnes qui vont se précipiter à l'annonce de la rupture. Car elles auront toutes les sollicitudes, toutes les tendresses, à votre égard.

Seulement, les raisons qui vont vous pousser à accepter ces avances risquent de ne pas être les bonnes. Que ce soit pour « Effacer » le souvenir de l'autre, en guise de revanche, à cause de la tristesse, etc... Et ce serait bâtir une nouvelle relation sur les décombres d'une autre. Mieux vaut attendre que le terrain soit totalement « nettoyé ». (Note pour les soumises : de toute façon, un Dom respectueux ne tentera rien tant qu'il vous sentira fragile).

Ensuite, j'entends parfois dire « Mais je suis en manque de me soumettre. [Telle ou telle pratique] me manque... ». J'avoue avoir un peu de mal à comprendre, dans ce cas... C'est pour moi être soumis(e) à sa nature plutôt qu'à la personne qui vous a quitté.

Certes, au bout d'un certain moment seul(e), et une fois les étapes dépassées depuis un certain temps, et en l'absence de candidat(e)s sérieux(ses), le corps peut réclamer son lot de sensation. Dans ce cas, les play partner ne manquent pas. Sortez en soirée, vous trouverez toujours des personnes pour combler ce manque.

Mais pour une nouvelle relation, il faut prendre le temps. On n'est jamais prêt(e) à reprendre sa liberté quand c'est l’autre qui induit la rupture. Parce que sinon, c'est vous qui le quitteriez... Et donc même après les étapes décrites, se précipiter ne peut vous être que préjudiciable.

Il vaut mieux attendre d'être « lavée » de l'empreinte de l'autre, afin de pouvoir s'ouvrir, faire confiance, et enfin se donner à un(e) autre ou accepter le don d'un(e) autre. ​


Je ne terminerai pas par mon habituel "Enjoy", mais pour une fois par un "Prenez soin de V/vous" pour ceux qui sont malheureusement dans cette situation... 

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