Il y a deux serpents de mer que l’on voit régulièrement resurgir. Ce sont “Les 12 règles de la soumise” et les 9 degrés de la soumission. Si le premier opus est un texte dont on commence à intégrer qu’il n’a jamais eu aucune vocation universelle (j’en dit plus dans mon article “Rendons à Master Mind…”), il est encore dit beaucoup de bétise sur ces fameux “9 degrés”. Je vous propose de faire un peu le point sur ce que sont ces 9 degrés... Cette “classification” des “9 degrés de la soumission” est une toute petite partie d’un fascicule édité dans les années 80 par une maison d’édition de Boston spécialisé dans les ouvrages LGBT. Dans cet ouvrage “Le manuel de sécurité Lesbian S / M: sécurité et santé de base pour les femmes”, l’auteur, Pat Califia, co-fondateur de Samoi un groupement célèbre lesbien SM, nous propose une compilation de plusieurs textes d’autres auteurs (dont on retrouve les références en début d’ouvrage). Les “9 degrés…” étant de Diane Vera (dont je n’ai pas de référence à vous proposer. Si vous en avez, je suis preneuse…) Dans ce fascicule, dont il est bien spécifié au début qu’il n’est que le reflet des opinions des différents auteurs, on trouve des textes de préventions, de consignes de sécurité aussi bien corporelle que mentale, des gestes de premiers secours, de conseils pratiques. Mais également des récit de fictions mettant en scène des relations SM saphiques. Le tout prévue pour la communauté des lesbiennes de l’époque, et plus spécialement pour les débutants en BDSM. Et bien sûr, ces 9 degrés de soumissions (vous les trouverez en annexe à la fin de cet article). Ce chapitre arrive sans réelle transition en toute fin d’ouvrage, après une nouvelle érotique, et avant une autre classification de la même autrice des différentes catégories de sado-masochisme, qu'à ce jour je ne vois nulle part... Le tout suivi d’un contrat type d’esclave et de son explication de texte. L’ouvrage se terminant par les noms et adresses de groupe de soutiens pour les femmes. Cette classification est l’expression de l’observation de Diane Vera. Et donc, comme dans les mise en garde du début de l’ouvrage, n’engage qu’elle. On peut être d’accord avec ces classifications, mais il ne faut en aucun cas les prendre comme écrite dans le marbre. Et encore moins comme une sorte d’échelle de progression dans la vie BDSM d’une personne soumise. D’ailleurs, Diane Vera le précise à la fin de ces 9 catégorie : “La liste ci-dessus n'est pas conçue comme une classification rigide. La plupart des personnes soumises ne vont pas entrer strictement dans l'une de mes catégories, il y a encore d'autres nuances entre les deux. [...] La même personne soumise peut atteindre différents degrés de soumission avec différentes personnes dominantes. Ma liste est simplement destinée à montrer le large éventail de possibilités différentes significations des mots «soumis» et «esclave».” On le vois bien, ces catégories correspondent à différentes natures de personnes, et non à des grades, comme des ceintures en art martiaux. Au sein de la relation BDSM, il peut arriver que, pour son évolution personnelle, par goût ou pour apprendre à répondre à ce qu’elle sent être sa nature profonde, une personne soumise puisse aspirer avec l’aide de son/sa Maître(sse), à atteindres d’autres catégories que celle dans laquelle elle se reconnaissait au départ. Mais en aucun cas, ce n’est une obligation. Pour ce qui est de mon avis personnel (parce que jusque maintenant, je ne vous livre que mon analyse d’un texte que j’ai lu pour vous, et dont je vous donne les références en fin d’article pour que vous puissiez à votre tour vous faire une idée par vous même), je trouve ces catégories totalement superfétatoires. En effet, si il est toujours intéressant de montrer aux personnes extérieurs au BDSM (dites “vanilles”) la richesse des différentes possibilités de réalités concrètes que l’on peut trouver derrière un même mot, pourquoi au sein même de la communauté vouloir se cantonner dans ces petites cases ? Chaque personne soumise est un être à part entière, unique. Et sa relation avec son/sa Maître(sse), elle/lui même également personne unique, va prendre sa tournure propre, sorte d’alchimie inédite. La personne soumise va devenir ce qu’elle est au fond d’elle même sous la direction de son/sa Maître(sse). Et non un stéréotype de personne soumise. Encore une fois, pour une personne soumise novice, il peut y avoir un intérêt à lui présenter ces catégories, afin qu’elle comprenne qu’il y a une multitude de façon d’exprimer son rapport à la soumission (et dans ce cas, il faudrait également lui présenter la seconde série de catégorie, qui comportent les différentes grandes familles de rapport au sado-masochisme afin que l’information soit complète). Mais lui présenter comme un ensemble de palier à atteindre, ou de costume à enfiler est une aberration. De plus, nous nous battons au quotidien pour que l’on ne nous stigmatise pas dans des stéréotypes rigides (si vous ne l’avez pas lu, je vous invite à prendre connaissance de nombres de ces idées reçues dans mon article précédent). Pourquoi donc nous enfermer nous même dans une classification qui n’est, encore une fois, que l’expression des observations d’une seule personne, dont elle dit elle même qu’elle est très incomplète et uniquement destinée à donner une idées du panel des possibilités ? En conclusion, je dirais qu’il ne faut pas faire l’impasse sur ce texte, car il fait partie des classiques du BDSM à connaître. Mais qu’il faut, contrairement à la façon dont il est présenté généralement (à l’instar des “12 règles de la soumise”), ne pas le prendre au pied de la lettre, ni comme étant une règle gravée dans le marbre, mais de le remettre dans son contexte général au sein du livre lui même, et de son époque, afin d’en saisir réellement le sens et la portée. Enjoy ! Quelques lapins blancs à suivre : Vous trouverez ces 9 catégories détaillées en français ici (je ne les recopie pas, je ne vois pas trop l’intérêt) : http://auroraweblog.karmaos.com/post/14 Pour ceux qui voudraient lire le fascicule complet (malheureusement en anglais. Je n’ai aps trouvé d’édition française) : https://www.amazon.fr/Lesbian-Sm-Safety-Manual/dp/1555833012
1 Commentaire
Le Jouet
21/5/2019 13:29:17
Quelle belle analyse, effectivement chaque personne est unique de part son vécu, son histoire, sa relation passée, présente avec son dominant (sa domina).... bref tellement de variables, que vouloir encore faire des cases.... bref bravo et merci
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