Les liaisons dangereuses part 2 : « La confusion des sentiments »

Deux questions reviennent souvent dans les discussions de la scène SM. L'une sur le sexe, l'autre sur les sentiments.

C'est deux aspects étant liés pour moi, j'ai décidé d'en faire un article en deux temps. Dans ce second opus, nous parlerons des sentiments dans les pratiques bdsm...

De la même manière que deux orientations s'opposent quand à la place du sexe dans le BDSM (cf article précédent), en matière de sentiments aussi.

On retrouve deux « chapelles » : l'une prônant une impossible dissociation des sentiments, l'autre disant que ceux-ci n'ont rien à voir dans la relation BDSM, voir la parasite.

Je ferais la même mise en garde que d'habitude, cet article n'engage que moi. C'est mon opinion propre, basée sur mon expérience propre et les observations que j'ai pu faire, et je ne fait que l'exposer sans avoir la prétention d'en faire une vérité universelle.

Déjà, je pense que je vais enfoncer une porte ouverte en disant que cette histoire de sentiments dépend de la structure du couple BDSM.

Mais je pense, avant tout, que c'est surtout sur la nature des sentiments que l'on fonde cette opposition de conviction.

En effet, on fait souvent l'amalgame entre les sentiments, en général, et le sentiment amoureux.

En effet, dans le cadre d'un couple en 24/7, on n'imagine pas que celui-ci puisse fonctionner sur la durée sans sentiments amoureux. De même le couple BDSM, sans être en 24/7, qui a tout de même une « dimension vanille » car vivant une histoire amoureuse par ailleurs.

Mais dans le cas d'un couple n'ayant pas cette dimension ? Dans le cadre d'un « trouple » avec un mari ou une femme 100% vanille, par exemple ? (Que ce conjoint vanille soit au courant ou non, d'ailleurs).

Je ne parle pas des polyamoureux, dont la réponse est dans le nom même. Mais bien de personnes ayant des pratiques BDSM ensemble, partageant même parfois un lien, mais dont la vie amoureuse est vecu avec une autre personne, en dehors de cette relation BDSM.

Certains vous diront donc qu'il n'y a aucun sentiment entre eux. Entre la personne Dominante et la personne soumise.

Mais de même que pour le sexe, je pense que cette affirmation n'est qu'un leurre. Au mieux une confusion dans le terme employé.

En effet, les pratiques BDSM sont des pratiques extrêmes, qui demandent une implication forte des personnes en présence. Donc, sauf à pratiquer de façon très ponctuelle avec l'autre, on ne peut pas se prémunir de développer un sentiment envers l'autre. Ça semble inévitable, tant le don se soi, même s'il n'est pas permanent, génère une interdépendance forte. Mais c'est la nature de ce sentiment qui peut différer. Car les sentiments ne sont pas obligatoirement amoureux. Et l'attachement profond que la personne dominante va avoir pour sa personne soumise, et inversement, est un sentiment. L'amitié étant aussi un sentiment, par exemple...

Dans le cas de séances très ponctuelles sans réelles interaction entre chaque, ce ne sera pas un sentiment, mais très certainement des émotions qui vont ressortir.

Parce que pourquoi pratiquer si c'est pour ne rien ressentir ? Certes, il y aura toujours les sensations. Mais je pense que les émotions sont inévitable également. Émotions que l'on va également ressentir, sans doute plus encore, quand un sentiment fort, voir amoureux, relie les protagonistes.

Et ce sont ces émotions qui peuvent parasiter la séance. Que ce soit du côté de la personne Dominante qui va se retrouver déstabilisée, soit du côté de la personne soumise qui ne pourra pas lâcher prise.

C'est de la prise en compte de ces émotions, de l'acceptation de leur réalité, pour les transformer en quelque chose de positif, de transcendant, que découlera une séance qui comblera les pratiquants. Pas de leur négation.

Article suivant

Sommaire

Article précédent