Quid du consentement éclairé dans un appartement trop sombre ?…

Je vous parlais il y a peu de vetting, ce concept qui semble enfin revenir au goût du jour.

Aujourd’hui je voudrais rebondir sur ce fait divers dont on parle partout dans le presse depuis hier, et qui montre bien l’utilité de ce fameux vetting...

Petit résumé de l’affaire...

Un homme s’est fait un faux profil sur nombres de réseaux sociaux et sites de rencontres. Il s’y présentait comme un jeune homme de 37 ans, et affichait des photos très avantageuses. 

La suite était toujours la même : Il échangeait ainsi avec des femmes, qu’il séduisait au long d’échanges écrits et téléphoniques. Puis, quand celle-ci voulait passer au “réel”, il refusait un rdv dans un endroit public, disant que leur première rencontre se devait d’être “magique comme leur histoire”.

Il surfe ainsi sur la mode de 50 nuances de gris, qui fait tant fantasmer et propose ce scénario, que les femmes acceptent : la personne entre dans un appartement plongé dans le noir, doit se mettre un bandeau sur les yeux et se déshabiller. L’homme arrive alors, et attache la personne sur le lit, où ils ont un rapport sexuel (que certaines qualifieront de “brutal”).

Sauf que lorsque la femme enlève le bandeau, c’est un tout autre homme qui est face à elle. 

Ce n’est ce beau jeune homme de 37 ans, mais un homme de 68 ans “dégarni et bedonnant”... 

Lors de la 3ème plainte pour viol (les deux premières ayant été classées sans suite du fait qu’il y avait eu consentement des victimes), la police décide de creuser un peu plus, de le mettre en garde à vue et de perquisitionner chez l’homme.

Là, ils trouvent un carnet et des dossiers dans son ordinateur.

Et ce ne sont pas les 3 femmes ayant porté plaintes qu’ils trouvent, mais bien 350 ! 350 femmes différentes qui ont succombé au scénario de l’abuseur ! 

Les dossiers comportent des photos intimes de 200 de ces femmes. Et le carnet, des détails de la vie privée (vie familiale, professionnelle, etc…) de la totalité de ses "conquêtes". 

Ce que l'on peut ressortir de cette histoire…

Déjà, que l'on voit bien que le vetting n'est pas à réserver au seul BDSM.

Ensuite, même si cette histoire n'est pas directement liée au BDSM, ce genre de scénario est très prisé dans notre milieu. Surtout des novices émoustillé(e)s par cette perspective de se retrouver entre les mains d’un ou une inconnu(e).

Et que si 350 femmes se sont faites avoir, c’est que les messages de prudence ne sont pas encore suffisamment passés ! Et que l’on voit ici toute la nécessité de faire ce fameux vetting avant de "foncer" dans ce genre de situation.

Parce que si elles avaient suivis les étapes de vérification préconisées, très vite ces femmes se seraient rendu compte de la supercherie (un site recensant les “usurpateurs du net” ayant même épinglé ce profil dès 2014).

Loin de moi l’idée de rejeter la faute sur ces femmes. Et la loi leur a donné raison en cassation, renvoyant le procès devant la cour criminelle de Montpellier, estimant que le consentement des femmes a été extorqué par ruse, et que ce consentement n’était donc pas éclairé. Et donc qu'il y avait bien eu viol. Le parquet ayant même demandé l'incarcération de l'homme en raison de «la gravité des faits, du trouble à l'ordre public, du risque de pression sur les victimes et du risque de renouvellement de l'infraction» (vu qu’il récidive, alors que la dernière plainte en date n’était pas encore instruite…)

On voit bien que le vetting n’est pas juste une invention de vieux rabat-joie aigris…

Et quand j’entends “il faut suivre son instinct, aussi”, sans prendre réellement des précautions, il faut garder à l’esprit que ce genre d’épilogue peut arriver. 

Et encore… Ce n'est pas le pire qu'il aurait pu arriver...

Sans même allez jusqu'à des épilogues mettant en danger l'intégrité physique ou même la vie de la personne, d'autres circonstances tout aussi traumatisantes que ce qu'on déjà pu ressentir les victimes auraient pu être aussi à craindre.

En effet, ce type ne semblait ne garder ces photos et ces renseignements intimes que pour lui, comme des trophées… Imaginez s’il avait eu envie de les diffuser sur le net ? 

Parce que même si on voit bien que ce genre d’individu n’est pas à l'abri de la bulle internet par l’arrêt de la cour de cassation, en plus des conséquences psychologiques, les conséquences sociales peuvent être dramatiques et surtout irréversibles.

Le seul point positif que je vois est que sur tous les articles que j'ai lu pour savoir le fond de l’histoire avant de vous en parler, seul quelques-uns parlent de 50 nuances en disant que son scénario s'en inspirait. Et aucun de BDSM... C'est déjà ça de gagné… 

Et peut-être que, au contraire, cela fera réfléchir les personnes qui pensent trouver le grand frisson en acceptant un scénario  de ce genre sans les précautions de base du vetting...

Je l’espère en tout cas… 


Pour lire mon article sur le vetting :
https://lafilledemars.weebly.com/oulonparledearticles/le-vetting-ou-un-concept-enfin-remis-au-gout-du-jour

Pour plus détail, les deux articles les plus complets qui m'ont permis de faire le résumé de l’affaire : 

https://www.lefigaro.fr/actualite-france/2015/05/04/01016-20150504ARTFIG00156-un-sexagenaire-usurpait-la-photo-d-un-mannequin-pour-seduire-les-femmes-sur-le-web.php 

https://www.marianne.net/societe/police-et-justice/juge-pour-viols-par-surprise-le-sexagenaire-se-faisait-passer-pour-un-play-boy-de-37-ans 

Article suivant

Sommaire

Article précédent