Ah ! Ma brave Dame ! Le BDSM, c'est plus c'que c'était !

Je pourrais dire que je vais vous parler d'un temps que les moins de 20 ans, bla bla bla... Mais c'est d'aujourd'hui  dont je vais vous parler. En regard de l'époque où j'ai reçu mon éducation de soumise,  c'est à dire les années 90.

En fait, je vois deux tournants majeurs dans ce qui fait le BDSM actuel. L’avènement du net pour le grand public, et la sortie du nuancier monochrome.

En effet, en 95 quand j'ai rencontré mon premier Maître, nous n’avions pas un accès aussi facile au BDSM.

Bien sûr, à l'époque il y avait un certain engouement pour ce monde à l'odeur de souffre. Des livres sortaient, des bruits couraient sur tel ou tel personnes de la jet set et du milieu politique. Mais il était quasiment impossible d' entrer sans connaître quelqu'un qui y était lui même intégré.

Il y avait bien une communauté sur le minitel, mais ce media n'était pas non plus aussi répandu que le net l'est aujourd'hui, et surtout, ses possibilités étaient particulièrement restreintes. Donc, c'était une porte pour des manipulateurs, certes, mais une toute petite porte.

A l'époque, donc, vous commenciez par LIRE ! Oui, lire ! Étonnant, non ? Mais en plus, des livres intelligents ! Des livres avec une vraie qualité d'écriture ! Et fait par des gens qui connaissaient vraiment le milieu !

Généralement, on commençait par « Histoire d'O » (même si on ne peut parler de BDSM au sens SSC du terme), ou encore par « Le lien». Les plus téméraires lisaient le Divin Marquis (et généralement, devant l'horreur de certains tableau, la plupart s'en tenait là!). D'autres encore "La Venus à la fourrure", ou les écrits de Jeanne de Berg... 

Pour entrer ensuite dans ce monde, deux possibilités. Mais dans tous les cas, vous aviez un ami qui en faisait partie.

Soit cet ami décelait en vous un potentiel (comme Dom ou soum), et il amenait le sujet. Soit c'était vous qui repériez qu'il était Dom ou soum, et c'est vous qui ameniez le sujet.  Mais dans tous les cas, si l'ami ne vous « sentait » pas, jamais ça n'allait  plus loin qu'une conversation un peu orientée...

Si vous aviez l'ouverture d'esprit nécessaire, votre ami vous emmenait dans une soirée. Elles étaient privées, à l'époque. Votre ami vous « briefait » avant, car il se portait garant de votre bonne conduite.

S'en suivait toute une « initiation » où cet ami vous conseillait lecture, discussion avec tel ou tel, invitation en « spectateur » afin de connaître les bases avant de vous lancer. Idem si vous étiez la soumise au cou duquel il souhaitait poser son collier.   

De nos jour, il suffit d'une recherche dans google pour que notre monde vous ouvre ses portes.  Plus encore depuis que l'on essaie de faire passer les désordres mentaux de Christian Grey pour du BDSM. Il y avait eu une première vague à la sortie des livres, mais on bat des records avec la sortie cinéma (oui, même plus besoin de lire!)

On se retrouve donc avec des « vanilles* » qui ne sont même plus des « kinky* », mais qui se pensent Dom ou soum, parce que c'est à la mode et que ça leur semble glamour.

Ils paradent sur le net, sans savoir la base des règles en matière de sécurités et de bienséance. Ils ne connaissent rien de l'esprit du BDSM. Ils n'ont même pas les qualités minimales requises pour espérer un jour accéder au rang de Maître.

Le pire, c'est qu'ils arrivent à avoir une soumise qui, tout aussi novice qu'eux, ne se rends pas compte du danger qu'elle courre...

Alors vous me direz que c'est bien aussi, cette ouverture, que ça permet à plus de gens de vivre en harmonie avec leur nature profonde. Et vous avez tout à fait raison !  Parce que pour connaître plusieurs pratiquants novices, nombres de ceux-ci ont réussi à mettre des mots sur ce qu'ils sont au plus profond d'elles même grâce au net et à ce bouquin, et ils n'auraient jamais pu passer au réel autrement.

Seulement, il ne faut pas en rester là. Il faut accepter avec humilité d'être au tout début du chemin, de n'y connaître quasiment rien, et d'avoir beaucoup de choses à apprendre. Il faut prendre ce temps pour écouter ses pairs. On a beau le vouloir très fort, si on plonge dans le grand bain avant de savoir un minimum nager, on va sans doute réussir à surnager, au mieux. Mais aucune chance de profiter de tout ce que vous offre la grande profondeur en toute sécurité.

Certes on ne devient réellement un Maître que lorsqu'on a en charge l'éducation d'une soumise. Mais encore là, il faut accepter sa première soumise avec humilité. Parce que vous allez vous former à elle, par elle et pour elle. Et donc accepter de tâtonner, de faire des erreurs. Et comme je le disais sur ma page facebook l'autre jour, c'est dans votre façon de gérer ces erreurs, Ceci étant valable aussi quand vous serez un Dom expérimenté, qui fera votre grandeur.

De même si vous êtes une soumise novice. Trop d'homme se voulant Dominant peuvent être dangereux. Par simple ignorance, parfois, comme vous venez de le lire. Et Dieu sait que je vois arriver bon nombres de jeunes (voir très jeunes) filles dans le milieu. Mais aussi des femmes plus âgées, attirées par le côté glamour du BDSM.

Non, tous les Doms ne sont pas de beaux et riches playboys. Ce sont, pour la plupart, des hommes tout ce qu'il y a de plus classique. Ayant ce charme supplémentaire du Mâle Alpha.

Le BDSM n'est pas le monde des bisounours, mesdames. C'est un monde de pratiques extrêmes, où se côtoie le pire et le meilleur.

Donc, revenez à l'ancienne école. Lisez*, écoutez des Doms et des soums plus expérimentés (beaucoup de groupes* sur les réseaux sociaux sont sérieux et proposent du contenu). Ne vous contentez pas d'un seul son de cloche. Il est primordial que vous appreniez à détecter les prédateurs.

Le BDSM ouvre ses portes à qui le veut, désormais. Faisons, tous ensemble, que cette ouverture nous apporte le meilleur !



*Vanille : Personne pratiquant une sexualité classique.
*Kinky : Personne ayant un pratique sexuelle non conventionnelle (libertinage, pratiques SM ou D/s occasionnelle et soft.
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Illustration ©Ito Seiu Seiu

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