Dis… Tu veux que je t’attache ?...

On me pose souvent la question de comment débuter en BDSM…

Pour les personnes novices qui me contactent pour une démarche solitaire, et ce quelque soit la raison, j’ai fait un “Kit de survie en milieu BDSM”. Mais si ce kit vise à faire connaître les bases du BDSM, il sert surtout à prémunir la personne soumise des prédateurs, et la personne Dominante des principales erreurs de débutants, dans le cadre d’une recherche de partenaire.

Mais de plus en plus de couples cherchent à connaître notre monde. Que ce soit pour répondre à un désir profond, ou que cela soit dans le but de redonner un nouvel élan au couple. Ou encore juste pour pimenter leur vie sexuelle.

Pour ces couples, mon kit ne suffit pas. Et ils ne sont pas suffisamment avancé dans la démarche, et ne le seront peut-être jamais, pour lire les différents articles de mon blog.

C’est dans ce but que je fais cet article.​

Le BDSM n’est pas anodin. C’est ludique, excitant, bouleversant, mais il faut bien garder à l’esprit son caractère extrême.

Pour que vous y trouviez un maximum de satisfaction et d'épanouissement personnel, et que votre couple en sorte grandi et plus plus fort, il faut voir votre entrée dans le BDSM comme un chemin, un voyage, où chaque étape n’est pas à négliger.

Il est évident, mais je le répète tout de même, que c'est ma façon de voir les choses, et elle n'engage que moi. N'hésitez pas si vous avez des questions, les commentaires en dessous de l'article sont là pour ça.


Pratiquer, c’est communiquer

Faire appel à la part sombre, animal, de chacun de nous n’est jamais anodin. Même pour des pratiques soft, on ne peut pas savoir à l’avance ce qui peut remonter, car c’est lié au vécu de chacun.

Donc, il faut vraiment garder à l’esprit que si la discussion préalable à la mise en route de votre expérience BDSM est primordial, tout au long de votre cheminement, il faudra encore et toujours COMMUNIQUER. Mais communiquer avec une totale sincérité. Autant vis à vis de l’autre que vis à vis de soi-même. Parce que la réflexion sur votre envie de BDSM va vous pousser à casser le carcan moral que votre éducation a peut-être construit depuis votre enfance.

Mais commençons par le commencement.

Comment dire à votre partenaire que vous avez envie “d’autre chose” dans votre vie intime ? Parce qu’en effet, si certains couples découvrent l’existence du BDSM ensemble, certains ont cette “révélation” de façon individuelle.

Donc, comment lui en parler ?

Je vois énormément de personne Dominantes et soumises vivre leur vision du BDSM en dehors de leur couple dit “vanille”. Et quand on aborde le sujet du pourquoi de cette dissociation, ils répondent régulièrement “Oh je suis sûr(e) que ça ne lui plairait pas !” ou encore “Je ne le/la vois pas du tout être Domina(nt)/soumis(e) !”

Je vous donnerez cet anecdote que l’on m’a raconté. Lui, avait une soumise en cachette de sa femme qu’il pensait ne jamais accepter sa nature de Dom. Sauf qu’elle avait un Maître en cachette de son mari, car elle aussi était persuadée qu’il ne saurait pas accepter… Avouez que c’est dommage, ce couple étant très très amoureux l’un de l’autre par ailleurs…

Donc, il faut au moins essayer de lui parler de qui vous êtes. Vous verrez bien comment la chose est reçue. Parce que de façon primordiale, il ne faut jamais préjuger en BDSM.

Dans un tout premier temps, soyez au clair avec vos propres désirs. Concrètement, qu’est-ce qui vous attire dans le BDSM ? La Domination ? La soumission ? La douleur ? Le contrôle ? La perte de contrôle ? Etc…

Il faut bien garder à l’esprit que le BDSM n’est pas genré. L’homme ne sera pas forcément le pôle Dominant de votre couple. Il faut donc se poser des questions importante quand à la nature de chacun. Quel pôle nous attire vraiment, sincèrement ? Et réfléchir à ce que l’expression de la nature de l’autre va me susciter comme réaction (en gros, ça me ferait quoi de voir “chéri” en soumis ?)

Ne pas oublier non plus que le BDSM, ce ne sont pas obligatoirement des pratiques sadomasochistes (SM). Existe aussi le Lien et les pratiques de Domination/soumission (D/s), qui sont dites “soft” (pour moi, il n’y a pas de pratiques “soft”, car cela dépend de chacun). En BDSM, tout est dans l’intention. Et le panel des pratiques est infini.

Une fois que vous aurez fait le point sur vous, et vos “attentes”, vous serez plus à l’aise pour parler à votre Autre car vous saurez être précis et concis.

Mais pas de n'importe quelle façon. Là, c’est vous qui connaissez votre moitié. Partez de ce que vous savez (et non supposez encore une fois) de sa sensibilité.

En règle général, il vaut mieux y aller progressivement, aborder le sujet en douceur. Choisissez un moment calme, de complicité. Parce que lui lancer au visage vos envies et désirs risque de s’avérer totalement contre-productif.

Vous pouvez lui parler de lecture que vous avez faites, les articles de blogs, etc… Pour ouvrir le dialogue, et parler de ses appréhensions, vous pouvez lui faire lire mon article sur les préjugés les plus courants sur le BDSM, en lui demandant ce qu’il/elle en pense.

Il sera aussi peut-être plus facile d’aborder vos désirs, si vous lui demandez de d’abord de parler des siens, de ses fantasmes.

Si il ou elle n’est pas très à l’aise avec une formulation oral, proposez lui un “petit jeu” : Écrire une lettre pour l’autre, seul(e), au calme, où seront couché les envies et les désirs même les plus fous. Puis, vous pouvez vous donner ensuite cette lettre en main propre, ou posé sur vos affaires, votre linge, etc… Pour que chacun puisse la lire tranquillement. A partir de cette lettre, vous pourrez engager plus facilement le dialogue.

Mais quoi que donne cet échange, gardez à l'esprit que le "SSC" (Sûr, Sain et Consensuel) est roi, en BDSM. Et que donc, toute pratique doit être librement consentie. Exit donc les pression, le chantage affectif, etc... 


Pratiquer, c’est se documenter

Je vous l’ai déjà dit vu plus haut, les pratiques BDSM ne sont pas anodines.

Une fois que vous êtes au clair avec vos désirs respectifs, il vaut mieux vous renseigner sur les différentes pratiques. Ceci, même si l’un de vous s’est déjà renseigné. Voyez cela comme un accompagnement de votre partenaire pour qu’il arrive là où vous êtes déjà arrivé dans votre cheminement.

Je vous conseille bien entendu de la lecture. Mais même si ils sont très agréables et excitants, oubliez les romans sur le BDSM. Leur but étant de divertir, et non de documenter. Même pour les plus proches de la réalité, ce n’est qu’une des réalités possibles. On peut éventuellement y piocher des idées, mais guère plus.

Préférez des ouvrages comme “Osez …”("Osez tout savoir sur le SM", "Osez les jeux de soumission et de Domination", "Osez la fessée"), “L’art de se soumettre” et son pendant “L’art de Dominer”.

Pour ce qui est du vocabulaire, vous pouvez déjà vous familiariser en lisant mon “Petit glossaire du BDSM”. Et pour aller plus loin, le "Dictionnaire du BDSM" de Madame Gala

Une autre façon de mettre le pied à l'étrier, et que je conseille fortement, ce sont les “Munchs”. Rencontres informatives entre pratiquants, novices et intéressés, ils permettent d’échanger et de poser vos questions dans une ambiance conviviale. Ils sont spécialement prévus pour accueillir les nouveaux arrivant dans le milieu. Et les pratiquant expérimentés sont toujours ravis de répondre aux questions des personnes curieuses de notre milieu. (Vous trouverez les dates des munchs dans mon agenda)


Pratiquer, c’est… Pratiquer !

Parce que, oui, il faut bien se dire qu’à un moment, on va entrer dans le vif du sujet, à moins que l’évocation de fantasme BDSM vous suffisent (et après tout, pourquoi pas…)

Encore juste quelques préalables, et vous pourrez sauter dans le grand bain !

Même si vous vous connaissez par coeur, les pratiques BDSM, je le répète, peuvent révéler l’autre sous un jour totalement inconnu. Il ne faut donc pas faire l’impasse sur la check-list, le safe word et le safe gest(qui sont un mot et un geste d'alerte qui permet d'arrêter tout en un instant, si quelque chose ne va pas). Et si vous n’en avez pas parlé avant, c’est maintenant ou jamais ! Enfin… Façon de parler... Mais dans tous les cas, avant de commencer à pratiquer.

Se pose la question du matériel.

Il doit correspondre à vos envies.

Inutile d’acheter la parfaite petite panoplie de l’apprenti Dom(e) ou du/de la petit(e) soumis(e), même si quelques basiques peuvent être intéressants. Mais le “gros” de votre matériel, vous allez l’acheter au fur et à mesure/ Ne serait-ce que pour une question de coût, la qualité étant primordiale pour une pratique safe.

Vous trouverez ce qu’il vous faut dans des boutiques en ligne (par exemple, les jardins secret d’Ange ou Démonia). N’hésitez pas à les contacter pour demander des conseils sur tel ou tel item. Ils seront ravis de vous aider. Ou encore dans une boutique près de chez vous (avec l’aspect “excitation préliminaire” qui peut être très agréable)

Mais on peut très bien pratiquer avec très peu de matériel pour une première fois, voir juste un bandeau et… Vos mains !

A ce moment, vous avez plusieurs solutions.

Soit vous pratiquez chez vous, dans l’intimité de votre cocon, soit en soirée, soit encore en “munch & play”. Déjà, à vous de voir ce qui vous correspond le mieux.

Si vous voulez tenter l’expérience en soirée, je ne pense pas que, pour une première fois, ce soit judicieux… Sauf à avoir fait connaissance en munch d’une personne organisatrice, ou encore d’être habitués de soirée libertines, par exemple.

Si vraiment vous voulez vous lancer “dans le monde”, je vous conseil alors plutôt les munch & play, où vous pourrez d’abord échanger de façon plus informelle avant de pratiquer.

Mais la plupart du temps, vos premières expériences, vous les aurez dans le cadre de votre chambre à coucher.

Alors il se peut qu’il y ait un petit moment de gêne. Du genre “Bon… On y va ?”.

Profitez de ce moment. “Never as good as the first time*”, comme dit la chanson.

Ces hésitations, ces moments où vous vous redécouvrez sous un autre jour. Votre partenaire, mais aussi vous même. Prenez le temps de ressentir et explorer ces ressentis.

Avancez petit à petit, à votre rythme.

Communiquez à chaque instant. Inquiétez vous de ce que l’autre ressent. Dites lui ce que vous ressentez. Le "code couleur" sera aussi votre allié (Vert : tout est ok. Orange : Ça va, mais bon... Ça commence à être difficile. Rouge : Euh... On arrive à la limite, là...). Même si quand on est novice, je recommande de parler de façon plus explicite.

Ecoutez l’autre, mais aussi, écoutez vous ! Il peut très bien arriver qu’une pratique qui vous semblait particulièrement excitante se révèle décevante, pour l’un ou l’autre, voir pour les deux. Dites-le. N’insistez pas. Il y a parfois un monde entre l’idée que l’on se fait d’une pratique, et la pratique elle même. Et parfois, ce n’est juste pas le bon moment. Il sera toujours possible de retenter la chose une autre fois, si le cœur vous en dit.


Pratiquer, c’est gérer “l’après”.

Que votre séance soit intense ou non, mais il y a de grandes chances qu’elle le soit, réussi ou non, l’after care est primordial. Prenez le temps après votre séance. C’est un moment très câlin, parfois juste silencieux, où vous allez encore profiter de cette bulle que vous avez créé. Un moment un peu hors du temps, pour redescendre doucement après toutes ces sensations.

Ensuite viendra de débriefing. Où il faudra encore une fois tout dire sincèrement, afin de bien comprendre et envisager les prochaines séances, si vous envisagez de recommencer.

Acceptez aussi que, éventuellement, cette première fois ne soit pas forcément le feu d’artifice que vous attendiez. Nombre de premières fois ne le sont pas. Ce qui ne veut pas dire que ce n’était pas agréable tout de même. Ni que ce ne le sera jamais.

Vous avez peut-être juste besoin de plus de temps, de communication ou autre… C’est dans le débriefing que tout cela sera dit.


Voilà. Vous êtes sur le début du chemin vers les chatoyantes contrées du BDSM.

A vous de voir si vous voulez poursuivre, et surtout dans quelle direction. Car c’est avant tout votre chemin que vous allez dessiner au fur et à mesure. En gardant bien à l’esprit que ce qui différencie le BDSM des abus, c’est que l’aspect SSC reste en permanence au centre des préoccupations.

Il ne me reste plus qu’une chose à vous dire :

Enjoy !​

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*"Jamais aussi bon que la première fois"

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