Le Triskèle dans tous ses états !

C’est “LE” symbole par excellence du BDSM. On le voit partout, sous des formes plus ou moins variées, stylisées , colorées, déformées, etc… En bijoux, sur les accessoires érotiques, sur les artéfacts… Même sur les supports de communication d’organisations BDSM, de Donjons, etc… 

Je vous propose aujourd’hui de revenir sur l’histoire de ce signe. Son origine, sa signification, pourquoi, et par qui, il a été choisi comme “image de ralliement” au sein du BDSM.
​Image création ©LaFilleDeMars2019 pour cet article - No Use / No copy

Le triskèle s’orthographie également “Triskell”, “triskel” ou “triscèle”. Mais on l’appelle aussi “triskelion” ou “triquètre”. 


Historique et symbolique du Triskèle : 

Évacuons tout de suite une idée fausse : ce n’est pas un symbole d’origine celte. 

Le mot vient du grec “τρισκελης / triskelês”, “triskélès” qui signifie “à trois jambes”. 

Le triskèle est un “motif giratoire ternaire” : 3 volutes qui tournent dans le même sens, ou encore “tout autre symbole avec trois protubérances (volutes, jambes, lignes brisées, etc…) évoquant une symétrie de groupe cyclique”. 

On le trouve dès le néolithique (8500 av JC) dans nombre de cultures de part le monde, en dehors de toute présence celte. La plus ancienne représentation connue à ce jour ayant été trouvée sur l’île de Malte. 

Il devient une caractéristique importante de la culture celte entre 450 et 25 av JC.

On croise donc différentes expressions du triskèle dans le monde :  

Le triquètre du drapeau de l’île de Man (au centre des îles britanniques) depuis 1931 (1)
Le drapeau de Sicile (depuis 1282)
Le Tomoe qui est un antique symbole héraldique du Japon
Le Gankyil Tibétain, symbole et outil rituel.

On le retrouve aussi sur la monnaie du tyran de Syracus (de 304 à 289 av JC) et dans les armoiries de la ville de Füssen. Moins sympathique, il sert d’insigne à une division nazi et à un mouvement d'extrême droite sud africain.

Drapeau de l’île de Man

Drapeau de Sicile

Tomoe

Gankyil Tibétain

Monnaie du tyran de Syracus

Armoiries de la ville de Füssen

27è division ss

Emblème de l'AWB.

Il est adopté dans les milieux druidiques à la fin du XIXè siècle. Et si on le trouve dans des revues nationalistes bretonnes dès 1914, ce n’est qu’en 1941 que le partie National Breton l’adopte comme insigne en remplacement de celui qu’ils revendiquaient avant, l’hévoud, trop proche de la croix gammée à leur sens. 
On lui donne une symbolique solaire (levé/zénith/couchant) ou encore élémentaire (eau, terre, feu). Avec cet aspect supplémentaire que s’il tourne dans le sens des aiguilles d’une montre, c’est un symbole positif, bénéfique. Dans l’autre sens, il devient un symbole négatif, maléfique. Mais dans l’occident catholique, qui utilise ce symbole lors de la construction de cathédrales et autres églises diverses, il représente surtout la Sainte Trinité (le Père, le Fils et le Saint Esprit).


Historique du “BDSMblem”, le triskèle BDSM : 

C’est à la fin de 1994 que le triskèle croise la route du BDSM. 

En effet, la communauté grandissante, qui échange activement dans les salons AOL (American OnLine) cherche un symbole qui permettrait de se “reconnaître” facilement. Sans non plus que tout un chacun comprenne la signification, dans un but de discrétion face à la stigmatisation du milieu et l’hostilité de certains vanilles. 

The Leather Pride Flag

​Très naturellement, le drapeau de “The Leather Pride” (“fierté du cuir”, sous culture gay fetish du cuir très active dans les années 90) est pressenti. Mais l’idée ne fait pas l’unanimité. 

​​En effet, nombre de pratiquants ne se reconnaissent pas dans cette mouvance “cuir”. Et puis c’était antinomique, la “Leather Pride” ayant pour philosophie de revendiquer ouvertement son appartenance au courant gay et fetish, et le drapeau étant de plus en plus connu, cela ne correspondait pas à l’envie d’un symbole discret. Sans parler de ceux qui tout simplement n’aimait pas le dessin de ce drapeau ​​

Bague inspirée de la description de "Histoire d'O"

1er croquis de Quagmyr

2d croquis de Quagmyr

​C’est à ce moment que naît le “projet Emblem” ou “BDSMBlem” sous l’impulsion de Quagmyr. Le but étant de créer un emblème inédit, qui fasse consensus.​

​Le symbole de la bague décrite dans histoire d’O (dont la petite histoire dit que Pauline Réage s’est inspirée du triskèle en référence à son enfance, en hommage à sa grand mère bretonne qui l’a recueillie et élevée après son rejet par sa mère) revient régulièrement, et un premier dessin d’inspiration libre est fait par Quagmyr. Mais aussi vite abandonné, car déjà existant. 

D’autres dessins sont alors proposés. Mais trop proche du dessin que Pauline Réage décrit, ils sont rejetés par respect des droits d’auteurs. Un symbole d'inspiration de cette description, mais différente, étant plus logique.

​Un second croquis voit le jour quand Quagmyr pense à ajouter des trous au premier croquis pour éviter une ressemblance avec un quelconque autre symbole existant. Ce qui n’est pas évident en image, ne pose pas de problème, puisque le but est de toute façon d’en faire des pin’s (oui, on est dans les années 90, je vous rappelle !)

Ce qui s’appelle encore “The pin project” va “migrer” sur le groupe usenet “Alt Sex Bondage” et reçoit un accueil partagé, ayant ses défenseurs et ses détracteurs. Mais une grande partie demandant à commander soit le pin’s, soit le pendentif.

Après plusieurs essais, le 15 avril 1995, le prototype est prêt et les premières commandes seront honorées dans les semaines suivantes. Et comme sont vendus aussi des pendentifs, “The pin project” devient "The Emblem Project". 

Fin 1997, “l’emblème” envahit la communauté BDSM internationale via le net, et devient une véritable entreprise, se déclinant sur de nombreux support. 

En 2012 Quagmyr décide de renommer son symbole en “BDSMblem”, plus explicite. 

Aujourd’hui, selon le souhait de son créateur, le BDSMblem se veut “servir la communauté, dans un cadre non lucratif et à usage culturel, éducatif et artistique, nullement pour qu'il devienne un sujet de mercantilisme ou qu'il soit vulgarisé à en perdre sa signification”. ​
​

Description du “BDSMblem” :

Tout triskèle n’est pas un symbole BDSM. Et outre le triskèle décrit dans “Histoire d’O”, le créateur du BDSMblem est très stricte sur sa création. Le BDSMblem répond à un cahier des charges précis : ​

​​- Les branches et le cercle sont d'une couleur indiquant le métal.
- Les branches et le cercle ont une largeur uniforme et les bras tournent dans le sens des aiguilles d'une montre (symbole positif)
- Les champs intérieurs sont noirs.
- Les détails dans les champs sont des trous et surtout pas des points.

Alors bien sûr, il n’y a aucune obligation à ne pas changer ci ou ça. Mais c’est modifier ou retirer la symbolique voulue par son créateur original. 

​Le BDSMblem possède un variante “gay” (qui est attribuée à Joey Blue) que son créateur original a validé, car pour lui correspondant sans aucun doute à un réel besoin.

La symbolique du “BDSMblem” :

Pour n’importe qui, c’est juste un bijou. Voir une variante de la référence celtique. Mais là aussi, Quagmyr, lui confère une symbolique forte.  

Les 3 divisions, qui s’imbriquent l’une dans l’autre pour faire un tout, représentent les 3 axiomes du sigle BDSM lui même : Bondage et Discipline / Domination et soumission / Sado-Masochisme. Mais également les trois piliers que sont les aspectes Sûr, Sain et consensuel. Et enfin, les 3 grandes catégories que sont les personnes Dominantes, les personnes soumises et les personnes switches. 

Et c’est cette 3ème signification(s) qui justifie les “trous” (et non des points !). Un peu comme dans la symbolique du yin et du yang, l’un n’est jamais complet sans l’autre, dans le contexte BDSM. 

Le métal des branches (ou la couleur métallique en image) représente les fers de servitudes et le métal des chaînes. 

Le noir à l’intérieur des branches fait référence au côté obscur des pratiques BDSM

Les lignes courbes, la rondeur du geste du fesseur, la sinuosité du fouet. 

Et pour finir, le cercle entourant le tout symbolise l’unité de tous ces concepts en un seul, le BDSM. Mais aussi une communauté qui protège les siens. 

Traditionnellement, suivant une ancienne convention, les personnes Dominantes portent les attributs BDSM à gauche, les personnes soumises à droite (Ne me demandez pas pourquoi. Mais je saurai peut-être un jour…). On pourrait penser qu’il en est de même pour le BDSMblem. Et bien non ! Son créateur a voulu laisser chacun le porter comme il veut.


En conclusion : 

Nous voici donc à la fin de cet article. Merci de m’avoir lue. J’espère que vous en savez un peu plus sur ce symbole. 

Merci à Sir John d’avoir fait un premier article sur ce symbole, avec le site de Quagmyr en référence, ce qui m’a permis de pousser plus loin mes investigations que je prévoyais depuis un moment. 

Comme pour mon article précédent, que vous adoptiez ou non ce symbole n’a pas grande importance en soi. Mais au moins, vous le ferez en connaissance de cause. 

N’hésitez pas à commenter et à partager cet article si vous pensez qu’il peut intéresser vos amis et contacts

Et comme toujours…

… Enjoy ! 


L’emblème BDSM est protégé par le droit d’auteur 1995 par [email protected], qui conserve les droits d’auteur afin de protéger le symbole. Il est disponible gratuitement pour toute utilisation éducative et non commerciale au sein de la communauté BDSM. Le texte explicatif est copyright 1995, 1997 de [email protected] et est utilisé ici avec autorisation.​

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